Du “pouvoir sur” à la “puissance avec”
Le leadership relationnel comme boussole dans les transformations de notre époque
Le mot leadership évoque souvent une fonction, une autorité ou une posture incarnée par un rôle hiérarchique. Mais si nous faisions un pas de côté ? Et si le leadership n’était pas seulement une affaire de statut ou de stratégie, mais d’abord une manière de se relier à soi, aux autres et au monde ? Le leadership relationnel, encore peu connu en dehors des cercles spécialisés, porte en lui une invitation puissante : réconcilier le pouvoir avec l’humain. Et c’est peut-être là l’une des clés les plus précieuses pour naviguer les transitions personnelles, professionnelles, sociétales.
Repenser le leadership : un enjeu pour toutes les sphères de la vie
Le leadership n’est pas l’apanage des dirigeants. Il se vit aussi dans les gestes du quotidien : chez les parents, les enseignants, les éducateurs, les soignants. Tous ces rôles comportent une forme de guidance, de soutien, de responsabilité relationnelle. Le leadership n’est pas réservé à une élite : il est une posture accessible, voire nécessaire, dans chaque espace de lien.
Une culture du lien, pas un nouveau modèle à appliquer
Face aux mutations que traversent nos sociétés – surcharge mentale, perte de repères, isolement – le leadership relationnel offre un autre cadre. Il invite à sortir des rapports de contrôle, et à bâtir des environnements où chacun peut contribuer, être entendu, ajuster sa posture. Ce n’est pas une méthode figée, mais une culture du lien, de l’écoute, de la co-responsabilité. Cette approche repose sur une vision systémique : on ne transforme jamais seul, mais à l’intérieur d’un réseau vivant.
Définir le leadership relationnel : racines, définitions, ingrédients
Ce courant s’inspire du leadership transformationnel (Bass, 1985), enrichi par l’éthique du care (Gilligan, Tronto), la psychologie humaniste (Carl Rogers), et les recherches sur l’intelligence émotionnelle (Goleman). Il se distingue par une posture fondée sur :
C’est un leadership qui valorise le lien, la clarté, l’évolution mutuelle et qui traverse les rôles (parents, managers, éducateurs, soignants, managers…)
Prenons quelques exemples :
Une mère qui, après avoir pris conscience de sa surcharge mentale, apprend à poser des limites sans crier, mais avec clarté. En réajustant son rapport à l’autorité, elle renforce la confiance de son enfant tout en retrouvant une paix intérieure. Ce type de posture illustre ce que Carl Rogers appelait la congruence – un alignement entre ce que l’on ressent, ce que l’on pense et ce que l’on exprime (Rogers, 1961).
Un manager confronté à une équipe démotivée décide d’ouvrir un espace de parole. Il n’impose pas, il questionne, écoute, reformule. Peu à peu, le climat se détend. Des tensions enfouies émergent et de nouveaux engagements prennent forme. C’est là toute la force du leadership transformationnel tel que conceptualisé par Bass (1985), qui valorise l’inspiration, la considération individuelle et la stimulation intellectuelle.
Un éducateur travaillant avec des adolescents en difficulté relationnelle intègre des pratiques d’écoute active et de reconnaissance émotionnelle. Il observe une baisse des comportements d’opposition et une amélioration des liens entre pairs. Une posture de lien avant le cadre, conforme à l’éthique du care (Gilligan, 1982 ; Tronto, 1993).
Une médecin qui, au lieu de suivre une grille d’entretien standardisée, commence ses consultations par une phrase simple : “Comment vivez-vous cela ?”. Elle ne donne pas seulement un traitement, elle restaure un sentiment de dignité. Daniel Goleman (1995) souligne à quel point l’empathie est une composante essentielle de l’intelligence émotionnelle – et donc du leadership au sens large.
Dans tous ces cas, la relation devient un espace de transformation mutuelle. Et cela suppose une responsabilité partagée – une co-responsabilité. Ce que chacun·e apporte à la relation change ce qui peut s’y jouer.
Conclusion – Et si le vrai pouvoir, c’était la relation ?
Le leadership relationnel n’est pas un modèle à appliquer, mais une pratique à incarner. Il nous pousse à faire un pas de côté, à accueillir nos zones de vulnérabilité et celles de l’autre. Il nous sort de la logique de toute-puissance ou de victimisation, et nous amène dans une posture de co-responsabilité. Ce n’est qu’en cultivant une telle culture du lien, dans nos foyers comme dans nos organisations, que nous pourrons réellement naviguer les changements de notre époque et proposer une réponse réellement alternative aux mutations que nous vivons dans notre société et sur notre planète.
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